… ou
la trilogie de Fifty Shades !
En
ce nouveau siècle, plus précisément en cette année 2013, année du serpent et de
la baise (pardon pour ce mot cru mais je n’ai pas le choix...),
l’année de la baise puisqu’il faut bien le dire, la littérature se met aussi
dans l’air du temps avec l’engouement planétaire pour les fameux Nuances de Mr Grey…
Ayant
d’abord résisté, comme toujours, à toute cette agitation autour du premier tome
traduit en français, j’ai fini par le lire… Puisque le Marquis me l’a offert,
point d’autre choix que de le lire. Hou cette excuse ! Et puis, il n’y a
que les c*** qui ne changent pas d’avis...
Vendredi,
nuit très courte pour lire ce 1er tome et à ma plus grande honte,
j’ai glissé dans mon caddie des courses alimentaires, le deuxième tome, samedi
matin. Et le mardi, j’ai couiné très fort en découvrant que le dernier tome
était en rayon, sur mon chemin de retour… Bien entendu, une nuit encore courte
pour le lire.
Aujourd’hui, je peux donc vous faire partager ma critique à propos de cette trilogie.
Heu…
par où commencer ? La présentation des personnages, alors !
Alors,
Anastasia Steele : 21 ans, des
yeux d’azur, une magnifique chevelure brune et de longues jambes. A peine
terminé ses études littéraires, elle va très vite commencer sa vie
professionnelle dans une maison d’édition élitiste.
Christian Grey : 27 ans, très beau
gars avec ses cheveux auburn rebelles et ses yeux gris si expressifs. PDG d’une
entreprise de 40.000 salariés, il est scandaleusement riche avec son vaste
appartement à Seattle d’un design très épuré, et possède d’autres propriétés,
un hélicoptère et un jet privé. Mr Grey reste toujours élégant avec ses
chemises blanches, ses vestes bien cintrées et aime porter des cravates gris
clair. *Clin d’œil*
Une
bienheureuse grippe permet à Melle Steele et Mr Grey de se rencontrer. Leur
attirance mutuelle et les allusions coquines de Mr Grey, qui se montre vite
entreprenant, les mèneront vers une intrigue passionnée.
Cependant,
le ton est vite donné par Mr Grey qui déclare que « Premièrement, je ne
fais pas l’amour, je baise… brutalement.» (Page 112 du 1er tome) Il
est donc BDSM, comprendre par Bondage, Domination, Soumission, Sado-Maso !
Et
hop, une petite visite de la chambre rouge de la Douleur, avec un descriptif
fort intéressant curieux des accessoires entre fouets, cannes et
menottes, pour ne citer qu’eux. Voilà qu’Anastasia fait comprendre à Mr Grey
qu’elle est… vierge ! Le voilà choqué, lui, le Dominant qui aime baiser
crûment et qui n’a jamais pratiqué le sexe-vanille comme il l’a précisé plus
tôt.
Bien entendu, trop attiré par la jolie et innocente étudiante, il va
l’initier à la chose. Et au fil de leurs rencontres, ils vont s’attacher l’un à
l’autre. Anastasia, désormais dévergondée, va découvrir les secrets de son
Cinquante Nuances : enfance difficile, émotivité très forte qui l’a amené
à tout contrôler et devenir cet amant fou d’amour mais aux tendances
dominatrices, qui aime fouetter… Et lui, il va apprendre la jolie manière
d’aimer. Et cela se terminera par un Happy End très traditionnel :
fiançailles, mariage fastueux et lune de miel romantique et bien sûr, la
maternité.
Et
c’est tout…
Les
livres sont émaillés de nombreuses scènes d’amour, de baise perverse (je
reprends juste les expressions de notre couple Steele-Grey, je suis bien
éduquée, moi !) et de quelques séances érotiques dans la fameuse
chambre rouge, à faire rougir les lectrices les plus coquines… Vous avez le
choix entre boules de geisha, menottes, yeux bandés et jambes attachées.
Ah, j’oubliais aussi la fessée et la cravache !
Enfin bon,
le style d’écriture est épouvantable : des répétitions qui deviennent
lassantes, ce qui me fait dire que l’auteur ne devrait pas connaître
l’existence des dictionnaires de synonymes ! Et puis, toujours des gros
mots partout, ce qui m’a vraiment exaspéré : Bordel ! Putain !
Merde ! Heu… Et dire que Mr Grey est PDG, faisant travailler 40.000
salariés et que Melle Steele est passionnée de littérature anglaise, leurs
conversations sont d’une platitude navrante… « Tu es à moi » « Mange ! »
« Jouis »… Je n’exagère pas…
Bon, les échanges emails étaient un vrai
« plus » sympathique dans cette histoire de c**. En effet, si on me
demande de résumer cette trilogie en deux mois, je répondrai sans hésiter que
c’est du porno littéraire ! J’ajouterai aussi que l’intrigue est très mal
ficelée et qu’il y a des exagérations… L’héroïne est toujours prête à baiser,
jouit sur commande : il dit « Jouis » et voilà, elle jouit
pendant qu’il la pilonne brutalement. J’avoue avoir été perplexe, voire même
très ironique. Jalouse, moi ? Non,
pas de tout… Je suis juste réaliste…
Et
le Christian Grey, tout sexy qu’il soit, il est à fouetter …
agaçant ! Un souci, une dispute : je baise Anastasia ! Et la
communication ? Et il est aussi bon à cravacher (non, je m'égare là…) à gifler,
oui ! Sa réaction très puérile quand son épouse, Anastasia, lui annonce sa
grossesse : il l’insulte et part se bourrer auprès de son ancienne
maîtresse… Si mon Marquis me fait la même chose : il ne rentrera même pas
dans notre Manoir, il ne faut pas pousser le bouchon trop loin. Les enfants, ça
se fabrique à deux, tout de même…
Ce qui m’a vraiment horripilée : la
dernière séance érotique du dernier livre « Nuances plus claires ».
Mrs Grey est enceinte, toute ronde avec la délivrance qui s’approche… Elle se
livre à une petite séance avec son Cinquante Nuance qui a le martinet à la main
et le bébé bouge, sa réaction : « Je crois qu’elle aime déjà le
sexe ».
Que dire ? Aberrant, cela m’a énormément choquée…
Bref,
des idées intéressantes pour se dévergonder un peu et rougir sous les
baldaquins ! Mais phénomène littéraire, heu… On a bien d’autres livres
mieux écrits, tout de même. Mon Marquis (parce qu’il n’aime pas lire) et
moi attendons de voir la version cinématographique de ces romans pour nous faire
une idée définitive de ce "phénomène".
Bon,
pour me remettre de ces émotions, je m’en
vais relire les œuvres de Sade, très bien écrites, avec cette plume élégante et
libertine du XVIIIème siècle.